Le chat noir - 3
Une main me secoue. J'ai un instant de confusion, comme lorsqu'on est réveillée en sursaut, mais, en un éclair, tout me revient en mémoire.
- Que se passe t-il ? dis-je.
- C’est l’heure ! fait-elle.
Alice, le chat noir. Elle est habillée. Elle jette des habits sur mon lit.
- C’est ce que j’ai trouvé de mieux pour ce soir. Tu n’as pas tellement de fringues pour une bourge…
- Je sens que je vais te rattacher sur ce lit et te donner une bonne fessée…
Elle rit. Je me redresse sur le lit. Elle a sorti un vieux jean que je mets uniquement lorsque je fais des trucs sales, comme laver à fond ma voiture, ou ramasser des saloperies que les gens jettent dans la forêt (merci le Téléthon).
Le sweat est tâché (mauvais usage de l’eau de Javel). Bref, elle veut que je m’habille pire qu’elle.
- Alleeeez ! fait-elle en me houspillant.
- Mais on va où, à la fin ?
- Tu connais la gare désaffectée de Trou-du-Luc ?
- Euh…
- Ben, c’est là . On va voir Darkside.
A deux heures du matin, j’ai les neurones qui sont en mode ‘’Off’’.
Néanmoins, je crois me souvenir que Darkside est un célèbre graffeur (ou tagueur, comme vous voulez).
Comme Banksy, il est reconnu pour son talent et, comme Banksy, personne n’a jamais vu son visage.
Je comprends désormais pourquoi Alice a toujours des tâches de peinture, plus ou moins discrètes, sur ses vêtements. Et pourquoi elle a tendance à dormir en cours.
Elle fait partie de ces jeunes gens qui taguent les murs et les ponts de nos villes pendant la nuit.
Elle se penche sur moi et m’embrasse. Un doux baiser qui me crée des fourmillements depuis le cortex jusqu’au clitoris.
- Tu vas passer une nuit inoubliable, ma vieille !
Si elle le dit…
Pendant que nous roulons vers la gare de Trou-du-Luc, je me rappelle les articles que j’ai lus sur Darkside. Ses œuvres vaudraient des fortunes si on pouvait seulement les décoller du béton ou elles sont peintes.
Et encore. Un banquier avait acheté un mur entier que le graffeur avait illustré et il l’avait mis dans son jardin.
Une nuit, Darkside et des complices se sont introduits dans sa propriété et ont repeint en blanc tout le mur.
Adieu, millions…
Bref, Darkside est une légende dans ce monde mystérieux du street-art. L’argent ne l’intéresse pas, seule la ‘’performance’’ artistique le motive.
J’ai une copine journaliste qui travaille pour une revue artistique et qui s’intéresse à cet artiste. Peut-être arriverais-je à prendre une photo de Darkside pour elle ?
- Il est comment, ce Darkside ? Tu crois qu’il va accepter qu’une inconnue comme moi vienne le voir travailler ?
- Tu es avec moi, tu ne risques rien.
La gare désaffectée est comme je l’imaginais, sordide. Un groupe de jeunes des deux sexes sont là , masqués et cagoulés, pas franchement rassurants.
Lorsque je me retourne vers Alice, elle a, elle aussi une cagoule et un masque et elle me tend de qui, moi aussi, me masquer.
- Bon, fait Alice. Tout est prêt ?
- Oui, répond un type à côté de qui Depardieu ressemblerait à un nain rachitique.
- Alors on y va !
Une jeune femme tend un sac à Alice et tout le groupe se dirige vers le bâtiment. Il y a déjà quelques tags, plutôt moches.
Alice sort des bombes de peinture de son sac. Les autres font de même. Chacun s’occupe d’une partie de la façade et, avec une rapidité impressionnante, le groupe peint une fresque d’environ dix mètres sur une hauteur de deux mètres.
Je suis impressionnée par leur talent et leur virtuosité. La partie le plus réussie est celle d’Alice. J’éprouve un petit sentiment de fierté. Après tout, n’est-elle pas mon élève ?
Alice virevolte, va voir chacun des tagueurs, rectifie, corrige. Bref, elle semble avoir un rôle un peu différent des autres, comme si elle coordonnait l’ensemble.
Puis, au moment ou elle peint quelque chose vers le bas, des cris retentissent.
Elle court vers moi et me saisit le bras.
- Tu cours vite ?
- Euh oui, pourquoi ?
- Les vigiles arrivent, bouge-toi le cul !
Nous piquons un sprint vers le fond de la gare désaffectée. Je remercie le ciel de ne jamais avoir arrêté le sport.
Alice me fait bifurquer vers une espèce de friche, tandis que d’autres tagueurs partent à l’opposé.
On se retrouve presque allongées dans un fossé. L’obscurité est totale. Sauf qu’il y a de l’eau croupie au fond. On entend des bruits lointains évoquant une course-poursuite.
Alice m’oblige a rester là pendant au moins deux heures. Le jour se lève lorsqu’elle se redresse.
- C’est bon, on peut y aller !
- Comment le sais-tu ?
- J’ai l’habitude.
J’ai le cul et une cuisse trempés par l’eau croupie du fossé. Autant dire que je ne suis pas vraiment à l’aise. On retourne sur le théâtre des exploits des graffeurs.
- Ou sont passé les autres ? fais-je.
- T’inquiète, ils s’en sont sortis. On a l’habitude. Là , c’était cool. Parfois, les vigiles on des chiens…
- Sympa…
La fresque apparait à mon regard dans son ensemble. Je ne saurais comment la décrire, ni expliquer ce qui fait son indéniable charme. Ca n’a rien à voir avec les tags vulgaires et moches qu’on voit dans nos villes, parfois. C’est vraiment une œuvre d’art.
- Et Darkside ? dis-je. Il était là ?
- Patience… fait le chat noir.
- En tout cas, tu as bien fait de me faire revenir ici pour voir l’ensemble. C’est vraiment beau !
Elle me sourit. Elle ramasse une bombe de peinture noire laissée au sol, puis s’approche de la fresque.
Et, en bas à droite, elle projette de la peinture, forme des lettres.
Puis, elle revient vers moi.
- Pas ‘’il’’, mais ‘’elle’’… dit-elle en jetant la bombe de peinture au sol, à mes pieds.
Puis, elle rentre à l’intérieur de la gare désaffectée.
Je la regarde sans comprendre, puis je m’approche afin de voir ce qu’elle vient de rajouter à la fresque.
J’en reste totalement ébahie.
Darkside n’est pas un homme. Darkside est une femme. C’est Alice.
La gare est obscure, malgré la clarté qui progresse peu à peu. Alice n’est pas dans le hall. Je crois voir une ombre vers le fond. Il y a une porte qui grince lorsque je l’ouvre. Je passe derrière ce qui était les guichets de la gare.
Des mains me saisissent aux hanches. Une bouche m’embrasse dans le cou. Puis, les mains remontent, passent sous mon sweater et empaument mes seins.
- Je ne sais pas si l’endroit est vraiment bien choisi… dis-je
- C’est l’endroit idéal, répond Alice.
- Et les vigiles ?
- C’est le risque qui pimente la vie… et l’amour, non ?
Elle a détaché mon jean et, d’un mouvement sec, l’a descendu jusqu’à mes chevilles. La culotte est descendue avec le jean. Alice passe sa main entre mes cuisses, puis entre mes fesses.
- Tu es mouillée… observe t’elle.
- C’est l’eau du fossé…
- Non, fait-elle en me fourrant sa main sous mon nez, ce n’est pas l’eau du fossé, c’est une odeur de femme…
Soudain, j’entends des pas, du bruit. Je sursaute et me redresse.
- Chuuut ! fait Alice. Ce sont mes copines…
Elle replace sa main entre mes cuisses et commence à me caresser. Je vois s’approcher deux ombres. Elles enlèvent masques et cagoules. Ce sont deux filles, très jeunes comme Alice.
- Je vous présente Chan, les meufs. Elle est prof, mais la matière qu’elle enseigne le mieux, c’est le sexe !
Les deux filles rient. L’une s’approche et m’embrasse sur la bouche.
- Tout est prêt, dit l’autre.
Alors, nous ressortons de la gare et reprenons ma voiture. Mais nous sommes désormais quatre.
Nous faisons quelques kilomètres, puis, guidée par les filles, je prends un chemin de terre, au milieu des champs.
Dans un coin arboré, il y a une caravane.
(Ã suivre)
- Que se passe t-il ? dis-je.
- C’est l’heure ! fait-elle.
Alice, le chat noir. Elle est habillée. Elle jette des habits sur mon lit.
- C’est ce que j’ai trouvé de mieux pour ce soir. Tu n’as pas tellement de fringues pour une bourge…
- Je sens que je vais te rattacher sur ce lit et te donner une bonne fessée…
Elle rit. Je me redresse sur le lit. Elle a sorti un vieux jean que je mets uniquement lorsque je fais des trucs sales, comme laver à fond ma voiture, ou ramasser des saloperies que les gens jettent dans la forêt (merci le Téléthon).
Le sweat est tâché (mauvais usage de l’eau de Javel). Bref, elle veut que je m’habille pire qu’elle.
- Alleeeez ! fait-elle en me houspillant.
- Mais on va où, à la fin ?
- Tu connais la gare désaffectée de Trou-du-Luc ?
- Euh…
- Ben, c’est là . On va voir Darkside.
A deux heures du matin, j’ai les neurones qui sont en mode ‘’Off’’.
Néanmoins, je crois me souvenir que Darkside est un célèbre graffeur (ou tagueur, comme vous voulez).
Comme Banksy, il est reconnu pour son talent et, comme Banksy, personne n’a jamais vu son visage.
Je comprends désormais pourquoi Alice a toujours des tâches de peinture, plus ou moins discrètes, sur ses vêtements. Et pourquoi elle a tendance à dormir en cours.
Elle fait partie de ces jeunes gens qui taguent les murs et les ponts de nos villes pendant la nuit.
Elle se penche sur moi et m’embrasse. Un doux baiser qui me crée des fourmillements depuis le cortex jusqu’au clitoris.
- Tu vas passer une nuit inoubliable, ma vieille !
Si elle le dit…
Pendant que nous roulons vers la gare de Trou-du-Luc, je me rappelle les articles que j’ai lus sur Darkside. Ses œuvres vaudraient des fortunes si on pouvait seulement les décoller du béton ou elles sont peintes.
Et encore. Un banquier avait acheté un mur entier que le graffeur avait illustré et il l’avait mis dans son jardin.
Une nuit, Darkside et des complices se sont introduits dans sa propriété et ont repeint en blanc tout le mur.
Adieu, millions…
Bref, Darkside est une légende dans ce monde mystérieux du street-art. L’argent ne l’intéresse pas, seule la ‘’performance’’ artistique le motive.
J’ai une copine journaliste qui travaille pour une revue artistique et qui s’intéresse à cet artiste. Peut-être arriverais-je à prendre une photo de Darkside pour elle ?
- Il est comment, ce Darkside ? Tu crois qu’il va accepter qu’une inconnue comme moi vienne le voir travailler ?
- Tu es avec moi, tu ne risques rien.
La gare désaffectée est comme je l’imaginais, sordide. Un groupe de jeunes des deux sexes sont là , masqués et cagoulés, pas franchement rassurants.
Lorsque je me retourne vers Alice, elle a, elle aussi une cagoule et un masque et elle me tend de qui, moi aussi, me masquer.
- Bon, fait Alice. Tout est prêt ?
- Oui, répond un type à côté de qui Depardieu ressemblerait à un nain rachitique.
- Alors on y va !
Une jeune femme tend un sac à Alice et tout le groupe se dirige vers le bâtiment. Il y a déjà quelques tags, plutôt moches.
Alice sort des bombes de peinture de son sac. Les autres font de même. Chacun s’occupe d’une partie de la façade et, avec une rapidité impressionnante, le groupe peint une fresque d’environ dix mètres sur une hauteur de deux mètres.
Je suis impressionnée par leur talent et leur virtuosité. La partie le plus réussie est celle d’Alice. J’éprouve un petit sentiment de fierté. Après tout, n’est-elle pas mon élève ?
Alice virevolte, va voir chacun des tagueurs, rectifie, corrige. Bref, elle semble avoir un rôle un peu différent des autres, comme si elle coordonnait l’ensemble.
Puis, au moment ou elle peint quelque chose vers le bas, des cris retentissent.
Elle court vers moi et me saisit le bras.
- Tu cours vite ?
- Euh oui, pourquoi ?
- Les vigiles arrivent, bouge-toi le cul !
Nous piquons un sprint vers le fond de la gare désaffectée. Je remercie le ciel de ne jamais avoir arrêté le sport.
Alice me fait bifurquer vers une espèce de friche, tandis que d’autres tagueurs partent à l’opposé.
On se retrouve presque allongées dans un fossé. L’obscurité est totale. Sauf qu’il y a de l’eau croupie au fond. On entend des bruits lointains évoquant une course-poursuite.
Alice m’oblige a rester là pendant au moins deux heures. Le jour se lève lorsqu’elle se redresse.
- C’est bon, on peut y aller !
- Comment le sais-tu ?
- J’ai l’habitude.
J’ai le cul et une cuisse trempés par l’eau croupie du fossé. Autant dire que je ne suis pas vraiment à l’aise. On retourne sur le théâtre des exploits des graffeurs.
- Ou sont passé les autres ? fais-je.
- T’inquiète, ils s’en sont sortis. On a l’habitude. Là , c’était cool. Parfois, les vigiles on des chiens…
- Sympa…
La fresque apparait à mon regard dans son ensemble. Je ne saurais comment la décrire, ni expliquer ce qui fait son indéniable charme. Ca n’a rien à voir avec les tags vulgaires et moches qu’on voit dans nos villes, parfois. C’est vraiment une œuvre d’art.
- Et Darkside ? dis-je. Il était là ?
- Patience… fait le chat noir.
- En tout cas, tu as bien fait de me faire revenir ici pour voir l’ensemble. C’est vraiment beau !
Elle me sourit. Elle ramasse une bombe de peinture noire laissée au sol, puis s’approche de la fresque.
Et, en bas à droite, elle projette de la peinture, forme des lettres.
Puis, elle revient vers moi.
- Pas ‘’il’’, mais ‘’elle’’… dit-elle en jetant la bombe de peinture au sol, à mes pieds.
Puis, elle rentre à l’intérieur de la gare désaffectée.
Je la regarde sans comprendre, puis je m’approche afin de voir ce qu’elle vient de rajouter à la fresque.
J’en reste totalement ébahie.
Darkside n’est pas un homme. Darkside est une femme. C’est Alice.
La gare est obscure, malgré la clarté qui progresse peu à peu. Alice n’est pas dans le hall. Je crois voir une ombre vers le fond. Il y a une porte qui grince lorsque je l’ouvre. Je passe derrière ce qui était les guichets de la gare.
Des mains me saisissent aux hanches. Une bouche m’embrasse dans le cou. Puis, les mains remontent, passent sous mon sweater et empaument mes seins.
- Je ne sais pas si l’endroit est vraiment bien choisi… dis-je
- C’est l’endroit idéal, répond Alice.
- Et les vigiles ?
- C’est le risque qui pimente la vie… et l’amour, non ?
Elle a détaché mon jean et, d’un mouvement sec, l’a descendu jusqu’à mes chevilles. La culotte est descendue avec le jean. Alice passe sa main entre mes cuisses, puis entre mes fesses.
- Tu es mouillée… observe t’elle.
- C’est l’eau du fossé…
- Non, fait-elle en me fourrant sa main sous mon nez, ce n’est pas l’eau du fossé, c’est une odeur de femme…
Soudain, j’entends des pas, du bruit. Je sursaute et me redresse.
- Chuuut ! fait Alice. Ce sont mes copines…
Elle replace sa main entre mes cuisses et commence à me caresser. Je vois s’approcher deux ombres. Elles enlèvent masques et cagoules. Ce sont deux filles, très jeunes comme Alice.
- Je vous présente Chan, les meufs. Elle est prof, mais la matière qu’elle enseigne le mieux, c’est le sexe !
Les deux filles rient. L’une s’approche et m’embrasse sur la bouche.
- Tout est prêt, dit l’autre.
Alors, nous ressortons de la gare et reprenons ma voiture. Mais nous sommes désormais quatre.
Nous faisons quelques kilomètres, puis, guidée par les filles, je prends un chemin de terre, au milieu des champs.
Dans un coin arboré, il y a une caravane.
(Ã suivre)
8 bulan lalu
I agree!