Amanda - CHAPITRE 14 - La punition

Je n'en peux plus. Déjà quatre jours qu'Irène m'a ramené chez elle et elle ne m'a toujours pas puni. Nous avons simplement repris notre routine. Dans une ambiance beaucoup moins agréable. Elle ne me parle que pour me donner des ordres, finit les longues conversations à cœurs ouverts où on pouvait parler de tout. Elle ne délaisse pas pour autant mon apprentissage, hier elle m'a apprit à marcher ''gracieusement'' selon ses propres terme. Avec un livre sur la tête et une cravache à la main. Bien entendu j'ai fini avec le cul en feu. Mais aucun compliment ni même encouragement. Au départ je pensais que ça me laisserait indifférent. Mais non. Loin de là, son sens de l'humour taquin me manque, son regard bienveillant aussi et ses encouragements surtout. Après deux jours à ce régime je me suis surpris à me surpasser en cuisine, je voulais absolument décrocher ne serait ce qu'un sourire. Mais non malgré tous mes efforts et après presque quatre heure en cuisine je n'ai même pas eu droit à un regard. J'ai failli fondre en larme.
Mes nuits sont encore plus difficiles qu'avant, je sais qu'elle n'a pas oublié la punition et cette épée de Damoclès au dessus de ma tête m'empêche de trouver le sommeil. Je passe donc mes nuits à regarder le velux, toujours sans alarmes. Mes jours sonnent creux, je ne sais même plus quoi écrire dans mon carnet. Alors je dessine des paysages au stylo. Je ne me sens pas bien du tout. Au départ j'étais confiant, je me disais que huit mois ça passerait vite et qu'après j'aurai le plaisir de la voir devant un tribunal. Mais mon enthousiasme a été balayé par le froid dont elle fait preuve depuis. Entre ma fuite et mes insultes, j'ai bien conscience de l'avoir blessée. Pour être honnête j'ai même éprouvé de la fierté en le réalisant au début. Mais après j'ai déchanté, en réalisant petit à petit les nombreux efforts qu'elle a déjà réalisé pour me permettre de vivre le mieux possible ma situation. La solitude ne m'a jamais posé de problème, mais se sentir seul quand on vit à deux est une sensation bien plus douloureuse.
Je m'en veux et j'ai l'impression d'avoir agi comme un gros con. Mais surtout je m'en veux de m'en vouloir. Elle m'a enlevé, séquestré et torturé. Mais c'est aussi la femme qui a rendu cette séquestration vivable et... presque agréable par moment. Je me sens coupable, ingrat et cruel de détester une femme qui m'a prouvé à plusieurs reprise son affection et sa tendresse pour moi. Mais en parler avec elle serait un aveu trop difficile et douloureux. Plus douloureux que cette cisaillante tension que je sens entre nous ? Je ne sais pas, car ce ne serait pas la même douleur. En tous cas ça me pèse c'est sûr. En achevant de préparer son plateau petit déjeuner, je prends la décision de lui en parler. Même si elle me rembarre ça me fera toujours un poids en moins sur la conscience.
C'est avec cette résolution fragile que je toque à la porte de sa chambre. Elle me répond d'entrer, je m'exécute, le cœur battant.

Son visage froid et encore à demi endormi me fait un pincement au cœur. Je dépose son plateau repas, me penchant exagérément exprès. Mais aucune de ses mains ne vient caresser ma peau à travers la nuisette. Déçu et frustré j'ouvre alors ses fenêtres et ses volets avant de me mettre à genoux sur sa moquette, face à son lit. Elle mange alors tranquillement son petit déjeuner. J'ai peur de parler sans son accord mais j'ignore comment demander la parole. Jusqu'à présent ça n'avait jamais été nécessaire, je sentais qu'elle me laissait la liberté de m'exprimer et qu'elle m'y encourageait même. Mais la situation a bien changé depuis.
Prenant mon courage à deux mains, je lève alors la main. Voyant cela, son visage exprime pour la première froid un sentiment autre que l'ignorance, la surprise. Néanmoins elle se reprend vite et continue son petit déjeuner. Je reste immobile, la main toujours levé. Attendant sa permission. Une fois son plateau repas terminé, elle se saisit de son verre de jus de fruit, le porte à ses lèvres et le boit très lentement. Je commence à avoir des fourmis dans le bras, mais je reste immobile. Conscient que c'est peut être un test. Elle pose enfin son verre et pousse un long soupir d'aise tout en s'étirant et en baillant à s'en décrocher la mâchoire. Lorsqu'elle s'adosse de nouveau à son coussin elle pose enfin ses yeux sur moi et ma main levée tremblante.
-Oui soumise ?
-J'aimerai prendre la parole si vous le permettez Maîtresse.
-Je suis d'une humeur massacrante depuis quelques jours. Tu peux parler, mais je te conseille de faire très attention à ce que tu dis cette fois.
-Bien Maîtresse. Voilà je...
De justesse, je me retiens de dire ce qu'instinctivement j'ai failli prononcer, non il n'est pas question de lui dire que je m'excuse.
Devant ma pause elle hausse les sourcils de surprise. Je prends une profonde inspiration avant de retenter.
-Je sais que vous m'en voulez. Enfin non c'est même pire que ça. Si vous m'en vouliez vous m'auriez puni, ça aurait fait mal mais j'aurai appris la leçon et on aurait continué. Je pensais que ce que je devais craindre le plus c'était les punitions avec vous. Mais je réalise maintenant qu'il y a pire : votre mépris et votre indifférence...
A courts de mots, je marque une pause, cherchant quelle suite donner à ce début.
-S'il te plaît Amanda, ne t'arrêtes pas en si bon chemin.
Sa voix sonne bien plus comme une supplique que comme un ordre. Et son visage paraît touché par mes paroles.
-Je vous hais la plupart du temps, je ne parviens pas à pardonner ni même à comprendre ce que vous faites ou pourquoi vous le faites. Mais depuis que je n'ai plus droit qu'à votre silence... Je ne pensais pas que ça serait possible mais ça me manque. Les moments qu'on a partagé ensemble me manquent.
Je ne parviens pas à réaliser que je viens de prononcer ces mots. Je sens une larme se faufiler entre mes paupières et glisser le long de ma joue.
-Je sais bien que je ne suis pas facile à vivre, j'en ai conscience. J'ai un sale caractère et c'est pour ça que j'ai passé la plupart de ma vie seul. Mais je n'ai pas envie de me sentir seul quand vous êtes avec moi. Parce que c'est pire que le fouet. J'attends toujours avec impatience que vous me libériez. Mais j'attends déjà cela avec moins d'impatience qu'avant. Et... Fin voilà j'aimerais bien qu'on puisse à nouveau vivre des choses ensemble plutôt que de vivre chacun de son côté... Je vous remercie de m'avoir offert la possibilité de m'exprimer et je vous présente mes excuses pour ma tentative d'évasion.
Je conclue m'a déclaration en me prosternant devant elle. J'ai encore du mal à réaliser ce que je viens de dire, mais au moins cela dissimulera mes quelques larmes.
-Redresses toi Amanda.
J'obéis, son regard se plonge alors dans le mien, sans sévérité ni indifférence. Juste à la recherche de la vérité.
-Tu veux que je te punisse Amanda ?
-Je suis prêt à accepter la punition si cela nous permet de retrouver la complicité et les bons moments que nous avons partagés.
-Je vois. Descends dans le sous sol alors !
Je me lève, prêt à m'exécuter et me diriger vers le sous sol, elle sur les talons. Une angoisse sourde me paralyse tandis que je descends les marches. J'ai peur. Cette salle me terrifie. Et devoir y descendre de ma propre initiative est une épreuve bien plus rude que ce que je pensais. Mais déterminé à retrouver la chaleur de son affection je parviens à descendre l'escalier jusqu'au bout.
Toujours sans un mot, mais avec un regard déjà moins fermé que son indifférente façade qu'elle me présentait ces derniers temps, Maîtresse menotte mes deux poignets avec la paire de menotte douce qui a de la fourrure, puis elle les accroche à la chaîne pendant du plafond avant de me poser sur les yeux un masque me privant de la vue.

J'ai peur, je l'entends s'éloigner pour actionner la manivelle. J'ai peur, mes poignets finissent tirés vers le haut et je me retrouve sur la pointe des pieds. Ma lèvre tremble. J'essaye de me calmer, de me rappeler pourquoi je suis ici. Je suis ici pour elle pour son pardon. Bien que ce constat m'effraie, je sens que ça me rend heureux et que ça me donne de la force quelque part.
Je serre les dents, déterminé à ne pas céder avant d'avoir obtenu son pardon. Je serre les dents et j'attends le premier coup.
Mais alors que je me prépare à subir la brûlante morsure du fouet, je suis pris au dépourvu par la douce chaleur des bras d'Irène qui me serrent contre elle.
-Merci ma chérie.
Je sens la caresse de sa peau nue contre la mienne pour la première fois. Être dans ses bras à quelque chose de si apaisant. Et sentir la mélodie de con cœur est si agréable.
-Tu as été merveilleuse aujourd'hui. Me murmure t'elle à l'oreille. Je sais que le situation est très délicate pour toi. Et tu peux compter sur moi pour essayer de te la rendre le plus agréable possible. Parce que même si tu as mauvais caractère je trouve que tu es une fille merveilleuse et je te trouve bien plus de qualités admirables que de défauts. Et même tes défauts me plaisent. Alors ne changes pas d'un pouce d'accord ?
J'hoche alors la tête, conscient que c'est la plus belle déclaration qu'on ne m'est jamais faite. Les larmes me montent aux yeux mais cette fois ce sont des larmes de bonheurs.
-As tu envie que nous refassions des cordes ? Me demande t'elle avec bienveillance et un soupçon de désir dans la voix.
-Ho oui Maîtresse. J'en rêve depuis que vous m'avez fais découvrir ça.
-J'en suis heureuse, ça s'appelle le shibari. Je vais te décrocher et on fera ça dans le salon.
-Merci, mais vous ne voulez plus me punir ?
-Tu as déjà été punie Amanda. Et tu as mis fin à la punition en ayant le courage de venir me parler avec sincérité comme tu l'as fais. Je suis très fière de toi et tu as bien méritée une bonne session de cordes.
-Merci Maîtresse.
Irène m'embrasse alors passionnément la joue.
-De rien ma douce.
Published by samPandore08
3 years ago
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